L’appel du dindon : Revenons à la base
Depuis plus d’une décennie, la chasse au dindon est de plus en plus en vogue. De nos jours autant les femmes que les hommes pratiquent cette activité. Du néophyte au nemrod expérimenté, cette pratique plait à chacun par son accessibilité et son intensité. Actuellement, nos populations de dindon sauvage deviennent de plus en plus sensibles à la pression de chasse. Le choix de la zone de chasse, la prospection et la connaissance du comportement de l’oiseau englobent l’indicatif de notre stratégie de chasse. Cependant, le chasseur qui désire prélever cet oiseau mythique se doit de maitriser de mains de maitre l’art de l’appel. Dans les prochaines lignes, il sera question de la base de la communication du dindon sauvage.
À mes débuts, je chassais en milieu agro-forestier. À l’exception de mon mentor et de mes partenaires de chasse, il était rare de voir d’autres chasseurs à proximité de nos terrains de chasse. Maintenant, il n’est pas rare d’être entouré par d’autres passionnés en périphérie de nos permissions. À l’échelle provinciale, cette nouvelle réalité fait en sorte que les dindons sont de plus en plus rusés et difficiles à berner. Cela étant dit, il est important de faire preuve de polyvalence et de sortir de notre zone de confort.
Les types d’appeaux utilisés
En premier lieu, il est important de comprendre que chaque type d’appeau a son utilité. Pour débuter, la majorité des nemrods connaissent la boite à friction. Simple d’utilisation, elle permet de capter l’attention des oiseaux à longue distance. Fabriquée à partir de diverses essences d’arbres, elle permet d’avoir une tonalité beaucoup plus haute que les autres types d’instrument. D’un autre côté, il est possible d’utiliser les ardoises. Cette surface de forme circulaire permet d’émettre des sons très réalistes. Selon plusieurs experts, ce type d’appeau est le plus versatile. Il est possible d’émettre des « Yelps », des « cutts » et des roucoulements. Fréquemment, l’ardoise peut avoir deux surfaces. Ce qui permet d’émettre des sons uniques qui sont plus riches aux oreilles du bipède. Majoritairement, les surfaces de d’ardoises varient entre le cuivre, l’aluminium, le Crystal, etc. Le caisson de résonnance quant à lui peut être composé de matière synthétique ou de bois. Le troisième type est le diaphragme. Cet appeau à vent se démarque par son utilisation de type « mains-libres » et par ses sons réalistes. Les variantes de sons offerts par cet appeau varient en fonction de la coupe des membranes de latex.
Le scénario typique d’appel
Dès l’aube, la majorité des chasseurs vont débuter leurs appels avec des « Yelps » de femelle à haut volume. Cette situation a pour but d’imiter une femelle qui cherche de la compagnie. Souvent, les chasseurs appellent de manière constante à haut volume. Durant la saison de chasse, il n’est pas rare de voir ce scénario devenir de moins en moins performant car il est utilisé par la majorité des nemrods. Souvent, les gens se demandent quelle méthode peut-on utiliser afin de se démarquer de nos voisins ?
Mon scénario préféré adapté à la nouvelle réalité
À mon avis, je crois que l’on sous-estime l’ouïe du dindon sauvage. Tout comme à la chasse à l’orignal, le passionné a souvent tendance à appeler le gibier à trop haut volume. En situation de chasse, il n’est pas rare d’entendre un dindon nous répondre à quelques centaines de mètres de nous. Cette réalité fait en sorte qu’il n’est pas nécessaire d’émettre des vocalises à fort volume afin de se faire entendre. Avec la forte pression de chasse, nous sommes mieux de débuter notre chasse de manière plus passive afin de garder des « cartes d’atouts » dans notre stratagème. Cela consiste à faire des appels de prise de contact et des appels de socialisation. De manière concrète, il est question d’amorcer notre offensive en imitant une dinde qui vient de quitter son perchoir et qui s’alimente. Cela se traduit par une série de roucoulement (clock and purr). De manière progressive, il est possible d’ajouter des « yelps » dans notre scénario à volume intermédiaire. Le fait d’appeler le dindon à bas volume a pour but de ne pas effrayer les dindons proches de nous et de berner les mâles les plus éduqués.
Mon endroit préféré où faire une séance d’appel
Tout comme à l’orignal, il faut savoir s’adapter à notre gibier. Le dindon sauvage est un animal vocal. La combinaison d’appels réalistes et d’un choix d’appelant approprié peut encore donner des résultats intéressants. Toutefois, je vous invite à sortir des sentiers battus et d’essayer de leurrer un dindon sauvage en milieu forestier. Comparativement aux milieux ouverts dont les champs, la forêt va nous permettre d’avoir une certaine marge de manœuvre pour récolter notre dindon. Dans cet environnement, j’aime me déplacer constamment en mode « localisation » afin de trouver mes dindons rapidement. Au moment où j’ai localisé les oiseaux, je change mon approche. J’essaie de me trouver un endroit où m’asseoir avec un ou deux corridors de tir de 15 à 30 verges. J’essaie d’imiter une dinde qui s’alimente en agitant les feuilles mortes et en émettant des roucoulements et des petits « yelps ». Dans la majorité des cas, opter pour une stratégie en milieu boisé entre 8h30 et 12h00 peut procurer de véritables surprises. Similaire à l’orignal, l’oiseau en question se sent en sécurité en forêt et surtout beaucoup plus facile à amener à portée de tir.
En somme, la chasse au dindon sauvage est très excitante. Il est important d’utiliser l’appel à bon escient. Émettre des appels réalistes et aux bons endroits selon le temps de la journée vous mènera au succès. Tout comme à l’orignal, imiter une femelle qui s’alimente et ou qui cherche de la compagnie est une bonne technique. Je vous invite à étudier le comportement de vos dindons lors de la prospection et d’écouter des sons de ces derniers afin de peaufiner vos habiletés de chasseur. Je vous souhaite une excellente saison de chasse.
Peux-t-on chasser avec cette technique mais à l’aveugle sans repérage la veille?
Dans la majorité des cas, j’utilise cette technique quand notre première offensive de chasse n’a pas réussi au début de la matinée. Durant l’avant-midi, j’aime bien me repositionner plus près des dindons. Par contre, je ne recommande pas de pratiquer ce procédé sans avoir fait un certain repérage la veille car il est possible qu’on « brûle » notre terrain dès l’aube si on se positionne trop près du perchoir ou bien même si on ne sait pas exactement où nos dindons sont perchés. La prospection est la clé du succès.
Pour conclure, la chasse aux dindons est une chasse stimulante et excitante. Elle procure aux chasseurs, une source d’adrénaline incroyable par le contact oral entre le gibier et l’homme. Par contre, cette pratique nécessite de se mettre au goût du jour et de mettre à jour notre approche selon la situation. En jugeant bien chaque situation, récolter un mâle rusé devient une chose beaucoup plus simple. L’expérience combinée à l’essaie de nouvelles techniques vous fera grandir rapidement.